Avis 20220585 Séance du 10/03/2022
Communication, à la suite d'incendies répétés sur le site du syndicat martiniquais de traitement et de valorisation des déchets (SMTVD) à Sainte‐Luce, « déchèterie du Céron » ou « Parc environnemental du Céron », des documents suivants :
1) les rapports des visites d'inspection de la direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement de la Martinique réalisés le 9,13,14 et 21 septembre 2021 ;
2) les annexes des rapports des visites d'inspection ;
3) les résultats du suivi de la qualité de l'air ambiant ;
4) les résultats des prélèvements conservatoires dans l'environnement ;
5) le rapport d'accident réalisé par l'exploitant, ;
6) l'étude sur l'impact environnemental et sanitaire du sinistre réalisée en application de l'arrêté du 10 septembre 2021 portant imposition de prescriptions de mise en sécurité et de mesures immédiates à titre conservatoire au SMTVD ;
7) les arrêtés portant mise en demeure de l'exploitant de respecter son arrêté d'autorisation afin de préserver la salubrité et la santé publique ;
8) les résultats des analyses des prélèvements de sédiments du Grand Fond ;
9) les études de suivi environnemental et sanitaire qui ont pu être imposées aux exploitants depuis 2012.
Madame X, pour X, a saisi la commission d'accès aux documents administratifs, par courrier enregistré à son secrétariat le 26 janvier 2022, à la suite du refus opposé par le préfet de la Martinique à sa demande de communication, à la suite d'incendies répétés sur le site du syndicat martiniquais de traitement et de valorisation des déchets (SMTVD) à Sainte‐Luce, « déchèterie du Céron » ou « Parc environnemental du Céron », des documents suivants :
1) les rapports des visites d'inspection de la direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement de la Martinique réalisés le 9,13,14 et 21 septembre 2021 ;
2) les annexes des rapports des visites d'inspection ;
3) les résultats du suivi de la qualité de l'air ambiant ;
4) les résultats des prélèvements conservatoires dans l'environnement ;
5) le rapport d'accident réalisé par l'exploitant, ;
6) l'étude sur l'impact environnemental et sanitaire du sinistre réalisée en application de l'arrêté du 10 septembre 2021 portant imposition de prescriptions de mise en sécurité et de mesures immédiates à titre conservatoire au SMTVD ;
7) les arrêtés portant mise en demeure de l'exploitant de respecter son arrêté d'autorisation afin de préserver la salubrité et la santé publique ;
8) les résultats des analyses des prélèvements de sédiments du Grand Fond ;
9) les études de suivi environnemental et sanitaire qui ont pu être imposées aux exploitants depuis 2012.
En l'absence de réponse du préfet de la Martinique à la date de sa séance, la commission rappelle que les constatations faites lors d’inspections par les services de contrôle des installations classées, ainsi que les rapports établis à la suite de ces visites, constituent des informations relatives à l’environnement et relèvent, à ce titre, du régime d’accès prévu par les articles L124-1 et suivants du code de l’environnement. Il en est de même des arrêtés de mise en demeure adressés par le préfet à un exploitant d’une installation classée, pour l’intégralité de leur contenu.
La commission rappelle, par ailleurs, qu'en vertu des articles L124-1 et L124-3 du code de l’environnement, le droit de toute personne d'accéder à des informations relatives à l’environnement, lorsqu'elles sont détenues, reçues ou établies par les autorités publiques ou pour leur compte, s'exerce dans les conditions définies par le titre Ier du livre III du code des relations entre le public et l’administration, sous réserve des dispositions du chapitre IV du titre II du livre I du code de l'environnement. A cet égard, les articles L124-4 et L124-5 précisent les cas dans lesquels l'autorité administrative peut rejeter une demande d'information relative à l'environnement, au nombre desquelles ne figure pas le caractère préparatoire du document ou des informations.
Ces informations sont en conséquence communicables à toute personne qui en fait la demande, sous réserve le cas échéant, de l'occultation préalable des mentions relevant des articles L311-5 et L311-6 du code des relations entre le public et l'administration. La commission souligne à cet égard qu'aux termes du I de l’article L124-4 du code de l’environnement : « après avoir apprécié l’intérêt d’une communication, l’autorité publique peut rejeter la demande d’une information relative à l’environnement dont la consultation ou la communication porte atteinte : / 1°) Aux intérêts mentionnés aux articles L311-5 à L311-8 du code des relations entre le public et l'administration, à l'exception de ceux visés au e et au h du 2° de l'article L311-5 ». Elle estime qu’en vertu de ces dispositions, qui doivent être interprétées à la lumière de celles de la directive 2003/4/CE du 28 janvier 2003 dont elles assurent la transposition en droit national, l’administration peut, après avoir apprécié l’intérêt d’une communication, rejeter une demande tendant à obtenir une information environnementale, au motif que sa communication ferait apparaître le comportement d’une personne physique, dont la divulgation pourrait lui porter préjudice (avis CADA n° 20132830 du 24 octobre 2013). En revanche, elle considère que cette exception, prévue à l'article L311-6 du code des relations entre le public et l'administration, ne peut être opposée lorsque l’information environnementale se rapporte à l’activité d’une personne morale. Cette information environnementale est, dès lors, non seulement communicable à l’intéressé mais aussi à toute autre personne qui en ferait la demande, sur le fondement des articles L124-1 et suivants du code de l’environnement, lorsqu’elle est détenue, reçue ou établie par les autorités publiques mentionnées à l'article L124-3 du code de l'environnement ou pour leur compte.
La commission souligne ensuite qu'en vertu des dispositions du II de l'article L124-5 du code, l'autorité publique ne peut rejeter une demande portant sur une information relative à des « émissions de substances dans l'environnement » que dans le cas où sa communication porterait atteinte à la conduite de la politique extérieure de la France, à la sécurité publique ou à la défense nationale, ou encore au déroulement des procédures juridictionnelles, à la recherche d'infractions pouvant donner lieu à des sanctions pénales ou enfin à des droits de propriété intellectuelle. Ces dispositions font, en revanche, obstacle à ce que l'autorité administrative en refuse la communication au motif qu'elles comporteraient des mentions couvertes par le secret des affaires ou le secret de la vie privée.
En l'espèce, la commission estime que les documents sollicités constituent des documents administratifs qui comportent des informations relatives à l’environnement ainsi que, le cas échéant, des informations relatives à des émissions de substances dans l'environnement. Elle en déduit que les informations relatives à des émissions de substances sont dès lors communicables à toute personne qui en fait la demande sans que puisse être opposés le secret de la vie privée ou le secret des affaires, en application des principes rappelés ci-dessus. Les autres informations des documents demandés qui ne sont pas relatives à des émissions de substances dans l'environnement sont pour leur part communicables à toute personne qui en fait la demande, après occultation, le cas échéant, des mentions relevant du secret de la vie privée ou du secret des affaires.
En application de ces principes, la commission, qui n'a pas pu prendre connaissance des documents sollicités, estime que ces derniers sont communicables à toute personne qui en fait la demande, en application de l'article L311-1 du code des relations entre le public et l’administration et des articles L124-1 et suivants du code de l'environnement, sous les réserves et dans les conditions rappelées ci-dessus, selon la catégorie à laquelle l'information environnementale se rattache. Elle émet, sous ces réserves, un avis favorable à la demande.
La commission précise que, lorsqu'une demande porte sur un nombre ou un volume important de documents, l'administration est fondée à étaler dans le temps la réalisation des photocopies afin que l’exercice du droit d’accès reste compatible avec le bon fonctionnement de ses services. Les frais de reproduction et d’envoi peuvent être facturés dans le respect des textes en vigueur (article R311-11 du code des relations entre le public et l’administration et arrêté du 1er octobre 2001), mais non le coût correspondant au surcroît de travail occasionné par la demande. Le paiement de ces frais, dont le demandeur doit être informé, peut être exigé préalablement à la remise des copies.