Avis 20200964 Séance du 30/09/2020

Copie, sur support papier ou électronique, des documents suivants concernant le concours de maîtrise d'œuvre pour la reconstruction du centre culturel FOL - SCI La Colline, pour laquelle sa cliente a été désignée lauréate mais évincée de son exécution : 1) le procès-verbal complet du jury de concours ; 2) l'analyse des offres ; 3) les procès-verbaux des commissions de pilotage se rapportant au marché ; 4) les procès-verbaux des réunions se rapportant au choix d'évincer sa cliente ; 5) les échanges de courriels des membres du Jury et des membres de la commission de pilotage se rapportant à la décision d'évincer sa cliente ; 6) le règlement intérieur du comité de pilotage mentionné au sein du pacte d'associés (annexé à la délibération n° 30-2015/APS).
Maître X, conseil de la société X, a saisi la commission d'accès aux documents administratifs, par courrier enregistré à son secrétariat le 27 février 2020, à la suite du refus opposé par la présidente de la Province Sud de Nouvelle-Calédonie à sa demande de communication d'une copie, sur support papier ou électronique, des documents suivants concernant le concours de maîtrise d'œuvre pour la reconstruction du centre culturel FOL - SCI La Colline, pour laquelle sa cliente a été désignée lauréate mais évincée de son exécution : 1) le procès-verbal complet du jury de concours ; 2) l'analyse des offres ; 3) les procès-verbaux des commissions de pilotage se rapportant au marché ; 4) les procès-verbaux des réunions se rapportant au choix d'évincer sa cliente ; 5) les échanges de courriels des membres du Jury et des membres de la commission de pilotage se rapportant à la décision d'évincer sa cliente ; 6) le règlement intérieur du comité de pilotage mentionné au sein du pacte d'associés (annexé à la délibération n° 30-2015/APS). En réponse à la demande qui lui a été adressée, la présidente de la Province Sud de Nouvelle-Calédonie a indiqué à la commission qu'il ne pouvait communiquer les documents sollicités dès lors qu'ils appartiennent à une société privée, la SCI Forum de la Colline, laquelle est maitre d'ouvrage de l'opération. La commission relève que la Province Sud de Nouvelle-Calédonie est associée à part égale avec la FOL de cette SCI. Elle rappelle qu'aux termes de l'article L300-2 du code des relations entre le public et l'administration : « Sont considérés comme documents administratifs, au sens des titres Ier, III et IV du présent livre, quels que soient leur date, leur lieu de conservation, leur forme et leur support, les documents produits ou reçus, dans le cadre de leur mission de service public, par l'État, les collectivités territoriales ainsi que par les autres personnes de droit public ou les personnes de droit privé chargées d'une telle mission (...) ». Par ailleurs, elle relève qu'une fois signés, les marchés publics et les documents qui s’y rapportent sont des documents administratifs soumis au droit d'accès institué par le livre III du code des relations entre le public et l’administration. En conséquence, la communication à un candidat écarté des motifs ayant conduit la commission d'appel d'offres à ne pas lui attribuer le marché ne permet pas de refuser la communication de ces documents. Ce droit de communication, dont bénéficient tant les entreprises non retenues que toute autre personne qui en fait la demande, doit toutefois s'exercer dans le respect du secret des affaires, protégé par les dispositions de l’article L311-6 de ce code. Il résulte de la décision du Conseil d’État du 30 mars 2016, Centre hospitalier de Perpignan (n° 375529), que, lorsqu’elles sont saisies d’une demande de communication de documents relatifs à un marché public, les autorités mentionnées à l’article L300-2 du même code doivent examiner si les renseignements contenus dans ces documents peuvent, en affectant la concurrence entre les opérateurs économiques, porter atteinte au secret des affaires et faire ainsi obstacle à cette communication. Le Conseil d’État a en outre précisé qu’au regard des règles de la commande publique, doivent être regardées comme communicables, sous réserve des secrets protégés par la loi, l’ensemble des pièces d’un marché public et que, dans cette mesure, l’acte d’engagement, le prix global de l’offre et les prestations proposées par l’entreprise attributaire, notamment, sont en principe communicables. En revanche, les éléments qui reflètent la stratégie commerciale d’une entreprise opérant dans un secteur d’activité et dont la divulgation est susceptible de porter atteinte au secret des affaires ne sont, en principe, pas communicables. Il en va ainsi du bordereau des prix unitaires. L'examen de l’offre d’une entreprise attributaire au regard du respect du secret des affaires conduit ainsi la commission à considérer que l’offre de prix détaillée contenue dans le bordereau des prix unitaires, la décomposition du prix global et forfaitaire ou le détail quantitatif estimatif, ne sont pas communicables aux tiers, sans qu’il soit besoin de s’interroger sur le mode de passation, notamment répétitif, du marché ou du contrat, sa nature, sa durée ou son mode d’exécution. L’examen de l’offre des entreprises non retenues au regard des mêmes principes conduit de même la commission à considérer que leur offre de prix globale est, en principe, communicable mais qu’en revanche, le détail technique et financier de cette offre ne l’est pas. En outre, pour l’entreprise attributaire comme pour l’entreprise non retenue, les dispositions de l’article L311-6 du code des relations entre le public et l’administration doivent entraîner l’occultation des éléments suivants : - les mentions relatives aux moyens techniques et humains, à la certification de système qualité, aux certifications tierces parties ainsi qu'aux certificats de qualification concernant la prestation demandée, ainsi que toute mention concernant le chiffre d'affaires, les coordonnées bancaires et les références autres que celles qui correspondent à des marchés publics ; - dans les documents préparatoires à la passation du marché (procès-verbaux, rapports d'analyse des offres), les mentions relatives aux détails techniques et financiers des offres de toutes les entreprises. La commission précise enfin que les notes et classements des entreprises non retenues ne sont communicables qu'à celles-ci, chacune en ce qui la concerne, en application de l’article L311-6 du code des relations entre le public et l’administration. En revanche, les notes, classements et éventuelles appréciations de l'entreprise lauréate du marché sont librement communicables. En l'espèce, la commission estime que les documents administratifs sollicités par Maître X sont communicables à toute personne qui en fait la demande, en application de l'article L311-1 du code des relations entre le public et l'administration, sous réserve de l'occultation des mentions protégées par le secret des affaires. Elle émet donc un avis favorable. Le présent avis est rendu au nom de la commission, par délégation donnée à son président en vertu des articles L341-1 et R341-5-1 du code des relations entre le public et l'administration.